Essai : Renault Trafic Van E-Tech Electric

Le best-seller passe à l’électrique

Depuis 1980 le fourgon emblématique de la marque au Losange a connu trois générations et il a séduit plus de 2,4 millions de professionnels dans ses différentes versions à moteur thermique. Dans le contexte actuel, il était temps qu’il devienne « propre » en passant au tout électrique. Nous l’avons essayé le mois dernier dans la région bordelaise, conviés par Renault, et nous partageons avec vous cette première prise en main effectuée sur deux parcours mixtes d’environ 70 km chacun.

Par Stéphane Marie – Photos Vincent Lyky

Avec ce nouveau Trafic Van E-Tech, Renault dispose désormais d’une gamme complète d’utilitaires électriques : Kangoo Van E-Tech Electric sur le segment des petits utilitaires, Trafic Van E-Tech Electric sur l’utilitaire compact et Master E-Tech Electric sur l’utilitaire de 3,5 t maxi de PTAC. En ce moment c’est d’ailleurs le cheval de bataille de chaque marque qui possède (comme Renault) des utilitaires dans chaque segment. L’électrification des véhicules à usage professionnel est en marche, et il convient de monter dans le train pour rester dans la compétition.

Les atouts du Trafic thermique, au profit de l’électrique

Ne souhaitant faire aucun compromis par rapport à la version thermique, le Renault Trafic Van E-Tech Electric conserve son grand volume de chargement (jusqu’à 8,9 m3) et sa longueur utile record de 4,15 m sur la version L2 rallongée avec la trappe « chargement long » située dans la cloison. Les portes latérales coulissantes de plus d’un mètre de large facilitent les chargements/déchargements rapides (celle de gauche est en option), et les portes arrière s’ouvrant à 255° permettent d’embarquer aisément des colis, euro-palettes ou du matériel encombrant. La charge utile est de 1 100 kg, avec une capacité de remorquage de 920 kg. Lors de notre essai le véhicule à empattement long (L2) était lesté à l’arrière avec une palette de 300 kg ; ceci afin que notre test reflète au plus proche la réalité d’utilisation d’un tel véhicule.

Ce fourgon électrique est proposé en deux longueurs (5 080 mm et 5 480 mm) et deux hauteurs (1 967 mm et 2 498 mm). Le volume de chargement en mode fourgon simple cabine varie ainsi de 5,8 m3 à 8,9 m3. Le Trafic Van E-Tech Electric propose un haut niveau de prestation et une diversité d’aménagement grâce à un réseau de plus de 359 carrossiers agréés. Il permet aussi aux clients non-initiés au « tout électrique » d’en percevoir les avantages dans l’exercice de leur métier : facilité de conduite sans changement de rapports, silence de fonctionnement du moteur électrique, accès aux zones à faible émission avec une autonomie confortable qui peut aller (sur le papier) jusqu’à 297 km en cycle mixte WLTP. C’est précisément ce dernier point, nerf de la guerre des véhicules électriques, que nous avons souhaité vérifier lors de notre essai en conditions réelles d’utilisation.

Pratique et bien équipé

Avant même de monter au volant de notre Trafic Van E-Tech Electric d’essai, nous constatons une première chose : ce coloris de carrosserie bleu pastel lui va très bien ; ça change du blanc ou du gris. Au volant on retrouve la configuration du Trafic thermique actuel, avec une planche de bord assez classique (entrée de gamme à rangements ouvert sur notre modèle) qui peut être personnalisée selon les besoins et les souhaits du client. Pas de spécificité non plus en ce qui concerne le boîtier de sélection des quatre positions P, R, N et D. Il s’agit tout simplement du levier de vitesses du Trafic thermique. Idem pour le levier de frein à main entre le siège conducteur et le siège du milieu. A ce propos on avait remarqué sur le Trafic thermique qu’il était un peu trop près de l’assise du siège central. Pas pratique à manipuler, surtout quand il y a quelqu’un assis au milieu. Un petit défaut qui n’a pas été corrigé ici sur la version électrique.

La cabine est spacieuse, confortable et bien finie. Il y a plusieurs espaces de rangements pour une capacité cumulée de 88 litres (19,7 l au niveau de la console, 14,6 l dans les portières et 54 l sous les assises des sièges passagers). Côté droit, sous la planche de bord, on retrouve un astucieux vide-poches en tiroir « Easylife » de grand format, pour glisser des dossiers à la verticale. Autre astuce très pratique pour déjeuner dans le véhicule ou travailler à l’arrêt tout en restant assis au volant : le « bureau mobile ». En rabattant le dossier du siège central vers l’avant vous pouvez utiliser le revers plat ou en creux pour constituer un espace de travail idéal, ou une table d’appoint pour se restaurer. Enfin, grâce au badge mains libres qui distingue la zone cabine de la zone cargo, la marchandise est sécurisée quand on est au volant, et inversement la cabine est condamnée quand le conducteur a besoin de descendre du véhicule pour ouvrir les portes latérales ou arrière.

Le nouveau Trafic phase 2 bénéficie d’une nouvelle face avant avec des phares à LED en standard sur l’ensemble des versions. Outre leur design plus moderne, ils permettent surtout d’augmenter la sécurité avec une couverture lumineuse plus importante.   

Contact, moteur, action !

Le démarrage du bloc électrique de 90 kW (122 ch) pour 245 Nm de couple se fait via le bouton « Start Engine Stop ». Ce moteur est connu puisqu’il est issu du Kangoo Van E-Tech électrique, avec une batterie de 52 kWh utiles (45 kWh sur Kangoo électrique) qui est commune à la Zoé et au Master E-Tech Electric. Les batteries sont garanties 8 ans ou 160 000 km. Dans cet intervalle, elles sont remplacées gratuitement si leur capacité se dégrade à un niveau inférieur à 70 % de leur valeur nominale.
Lors de la première accélération après un stop, nous constatons d’emblée qu’il manque un peu de vigueur dans le compartiment moteur du Trafic, d’autant que nous sommes lestés de 300 kg dans l’espace de chargement. Il est toutefois très souple et bénéficie d’une bonne efficience en mode Confort. Si vous passez en mode ECO, en activant le bouton sur la console centrale, vous augmenterez l’autonomie en vous rapprochant des 297 km promis sur le papier, mais attention car le véhicule perdra de sa vigueur s’il est chargé. Il existe également une version « long range » bridée à 90 km/h, permettant une autonomie de 322 km en cycle mixte WLTP. Comme pour la version thermique, le régulateur limiteur de vitesse est de série, avec les commandes au volant.

A l’issue de notre premier parcours qui alternait des routes nationales roulantes en 2×2 voies avec des départementales et des passages en agglomération, nous avons consommé 22 kWh/100 km. C’est une valeur moyenne pour ce type de véhicule, et au final l’autonomie réelle entre deux charges tourne plutôt autour des 250 km maxi, ce qui reste satisfaisant. Ce sera suffisant au quotidien pour les professionnels qui transportent des choses lourdes sur une zone de chalandise peu étendue. Le freinage régénératif n’est pas aussi marqué que sur un utilitaire compact concurrent, tel que le Mercedes eVito par exemple, mais il reste appréciable pour gagner quelques kilomètres et ralentir le véhicule au lâcher de la pédale d’accélérateur.

La maniabilité du véhicule est très bonne, même avec l’empattement long, et l’amortissement n’est pas trop ferme comme c’est souvent le cas sur ce type de fourgon intermédiaire. Pour recharger la batterie, il existe pour le moment deux types de chargeurs : un chargeur AC 7 kW monophasé, adapté à tous types de charge domestique (15 à 80% en 5h30). Un chargeur AC 22 kW triphasé pour la recharge accélérée sur les bornes publiques, permettant de récupérer 50 km d’autonomie (cycle WLTP) en moins de 25 minutes. Un chargeur rapide DC 50 kW (courant continu) sera disponible l’année prochaine.

Cocorico, il est fabriqué en France !
La décision de fabriquer le Renault Trafic dans l’usine de Sandouville a été prise en 2010. Un investissement de 230 millions d’euros a été consenti pour transformer l’usine et l’adapter aux caractéristiques d’un véhicule utilitaire et de ses 600 combinaisons possibles. La production a débuté en 2014 et aujourd’hui près de 600 Trafic sortent chaque jour de l’usine de Sandouville, ce qui représente un véhicule toutes les 80 secondes en deux équipes ! Près de 75% des véhicules produits dans cette usine sont exportés hors de France, principalement au Royaume-Uni, en Allemagne, en Norvège et aux Pays-Bas.

Fort de sa technologie à la pointe du progrès, le site de Sandouville s’est préparé au lancement de Trafic E-Tech 100 % électrique dont les premiers exemplaires sont fabriqués dès cet automne. Avec 1 677 collaborateurs, l’usine de Sandouville produit également pour Nissan (Primastar) et Renault Trucks (Trafic Red Edition) et relève déjà de nombreux défis liés à la transition énergétique et la décarbonation (l’usine est certifiée ISO 50001 / système de management énergétique depuis février 2023), ainsi que la digitalisation des process et l’innovation.

Le moteur électrique du nouveau Trafic Van E-Tech Electric, ainsi que les chargeurs, sont quant à eux fabriqués à l’usine Renault de Cléon, en Normandie. La batterie est assemblée à l’usine de Flins et l’électrification du véhicule est réalisée sur le site de Gretz-Armainvilliers.

Les commandes des versions longues L2 (Van H1 & H2, plancher cabine et double cabine) sont ouvertes en ce mois d’octobre, et les premières livraisons auront lieu en novembre. Quant aux versions L1 (Van H1 et double cabine), les commandes seront ouvertes en novembre pour des premières livraisons en décembre 2023.

Longueur utile record de 4,15 m sur la version L2 rallongée avec la trappe « chargement long » située dans la cloison.

La cabine est spacieuse, confortable et bien finie, avec plusieurs espaces de rangements

Pour recharger la batterie, il existe pour le moment deux types de chargeurs.

L’autonomie réelle entre deux charges tourne autour des 250 km maxi, ce qui reste satisfaisant. Ce sera suffisant au quotidien pour les professionnels qui transportent des choses lourdes sur une zone de chalandise peu étendue.

FICHE TECHNIQUE

Renault Trafic Van E-Tech Electric

Type : fourgon « medium » 3 places, disponible en deux longueurs

Dimensions (L x l x h) : 5 080 mm (L1) ou 5 480 mm (L2) x 1 956 mm x 1 967 mm ou 2 498 mm

Empattement : 3 100 mm (L1) ou 3 490 mm (L2)

Seuil de chargement : 515 mm

Largeur de porte latérale : 1 030 mm

Hauteur du compartiment de chargement : 1 256 mm   

Volume utile : de 3,3 m3 (L1 H1 – cabine approfondie)  à 8,9 m3 (L2 H2)

Charge utile : 1 100 kg

PTAC : 2 800 à 3 000 kg

Capacité de remorquage : 920 kg

Moteur : 100% électrique

Puissance : 90 kWh (122 ch)

Transmission : traction

CO2 : 0 g/km

Couple maxi : 245 Nm

Batterie à haute tension : lithium-ion

Capacité de la batterie (utile) : 52 kWh

Consommation électrique moyenne (WLTP) : 22 kWh/100 km

Autonomie électrique maxi (WLTP) : 297 km

(version « long range » à venir : bridage à 90 km/h,  autonomie 322 km WLTP)

Temps de charge :

Sur chargeur AC (7 kW) : 5h30 (15 à 80%)

Sur chargeur rapide AC (22 kW) : 50 km récupérés en moins de 25 min

chargeur rapide DC 50 kW disponible l’année prochaine)

Transmission : aux roues avant

Freinage : 4 freins à disques

Jantes : 16 pouces acier

Limitation de vitesse : 110 km/h de série pour la France

Accélération (0 à 100 km/h) : 13,6 s.

Plus d’angle mort avec le Wide Mirror

Cette option s’avère indispensable sur cet utilitaire compact tôlé, tant elle est pratique et sécurisante. Le Wide Mirror, caché dans le pare-soleil passager, permet d’élargir le champ de vision côté droit lorsque l’on est au volant, évitant ainsi le fameux angle mort. Il prend tout son sens quand on est à une intersection avec peu de visibilité, mais il est aussi utile dans les endroits étroits nécessitant de nombreuses manœuvres.

Cinq pays pour 78 % des ventes de « médium vans » électriques

Alors que le marché du fourgon électrique est en croissance constante, le segment du « Médium van » est celui qui a augmenté le plus avec + 56% entre 2021 et 2022. S’il on regarde où ont été vendus ces véhicules, cinq pays représentent 78 % des ventes : UK, Allemagne, France, Norvège et les Pays-Bas. C’est plutôt une bonne nouvelle pour le Renault Trafic Van E-Tech Electric, car sur ces cinq marchés quatre d’entre eux sont ceux où le Trafic thermique est le plus vendu.